L'imitateur
DDM Xavier de Fenoyls
D'après Thomas Bernhard.
Création 2010 au TNT (Théâtre National de Toulouse), coproduite par le TNT, L'Usine (lieu conventionné dédié aux Arts de la rue), et soutenu par Pronomade(s) en Haute-Garonne. Tournée en 2011,
Mise en scène : Patrick Abejean, assisté de Dalila Khatir et Hélène Sarrazin
Avec : Muriel Bénazeraf, Blandine Gueguen, Anne Lehmann, Hélène Sarrazin, Patrick Abejean, Stéphane Delincak, José Antonio Pereira.
Lumière/régie : Etienne Delort
Vidéos : Greg Lamazères
L'Imitateur est un recueil de très brèves chroniques et faits-divers à l’humour caustique, féroce, glanés ou inventés par Thomas Bernhard pour provoquer « un rire qui ne naît que de notre trop humaine et mortelle condition, de l'absurde et du fiasco ».
Une salle de fête. Avant ? Après ? Des tables, des bancs. 7 acteurs tentent d’installer le public. Piano et violon ne cessent de répéter Schubert. Ailleurs, dans 6 télés, un journaliste. Tous disent, susurrent, éructent les brèves de T. Bernhard, dans un brouhaha organisé comme une partition musicale.
Indubitablement, Patrick Abejean et Hélène Sarrazin ont pris un parti bien adapté à l’expression de cette invincible absurdité.
Quoique banal et finalement identifiable, aucun des actes accomplis durant cette énumération sans rime ni raison ne semble entretenir un rapport clair avec les situations décrites, sinon pour placer, par leur simple accumulation, acteurs et spectateurs sur le même plan que les personnages dits : celui d’êtres vains de pensées et de sentiments, voués par une suite d’actions dénuées de sens ou de finalités valables, de moutons humains que mène un noir berger à longue faux.
Avec cet effet - recherché, on n'en doutera pas - ressort avec un éclat particulier une sensation d’aporie toute kafkaïenne, mêlée à la férocité d’un Swift, au dérisoire éternel de Beckett. Le dessin à l’acide d’une humanité vouée à la petitesse et au fiasco. Nous-mêmes.
Un délice qui agace les dents.
Jacques-Olivier Badia Le clou dans la planche
